Amman, en Jordanie, émerge comme la ville d’entreprises en démarrage la plus dynamique du monde arabe. À preuve, le secteur des TI y croît de 25 % par an. Alliant stabilité politique, un réseau Internet quasiment non censuré et une population très instruite, le pays a su créer un cadre idéal pour les start-ups qui veulent changer le monde arabe, un internaute à la fois.
Son écosystème de start-ups, presque créé de toutes pièces à l’initiative du roi Abdallah II, surfe également sur la vague de changements qui déferle dans la foulée du printemps arabe.
Nur Alfayez, une architecte qui joue du violon et de la guitare acoustique, fait partie de la nouvelle génération de Jordaniens sur lesquels repose le jeune écosystème d’Amman. Constatant à quel point il était difficile de commander des accessoires de musique en ligne, elle a eu l’idée de lancer une boutique d’instruments. «Dans les pays du Golfe, et c’est encore plus vrai en Iran et en Arabie Saoudite, beaucoup de gens veulent s’exprimer par la musique, mais les instruments occidentaux ne sont pas facilement accessibles, explique-t-elle. Notre boutique devrait permettre de remédier à ce problème.»
Si la jeune femme de 28 ans ne manquait pas de vision, elle aurait toutefois eu du mal à bâtir Feesheh.com sans l’incubateur Oasis 500, où elle a été admise avec le cofondateur de l’entreprise, Fahed Farraj, un passionné de guitare électrique. Comme d’autres boutiques en ligne issues d’Oasis 500, Feesheh.com utilise la plateforme ShopGo, une autre start-up de l’incubateur. Celle-ci a été lancée par Mohanad Ghashim, un Syrien d’origine qui a dû repartir de zéro après avoir été contraint de quitter son pays en 2011. Comme Feesheh.com, la plupart des start-ups d’Amman prennent la forme de sites Web visant les consommateurs du monde arabe. La majorité d’entre elles sont des boutiques en ligne ou des médias numériques.
C’est aussi à Amman que Jamalon, le plus important libraire en ligne de la région, s’est installé. Autre entreprise dont le succès fait rêver en Jordanie : le portail Maktoob, que Yahoo a acheté en 2009 au prix de 164 millions de dollars américains. Cette transaction a d’ailleurs joué un rôle majeur dans la transformation d’Amman en une ville d’entreprises technos en démarrage.
Author: Julien Brault